milkLetter 2 – Alice : Allaiter coûte que coûte : Chronique d’un tire allaitement exclusif.

Bonjour, Je suis Alice, j’ai 21 ans, je suis pacsée avec Baptiste. Nous avons eu notre fils, Eden, il y a 15 mois. Je suis maman au foyer. J’allaite Eden depuis sa naissance, donc depuis plus de 15 mois maintenant.

L’allaitement pour moi, est une évidence, c’est la continuité de la grossesse, je voulais allaiter, et je veux allaiter mes prochains enfants. En revanche, je pensais que c’était inné, je n’ai suivi aucun cours de préparation, je ne savais pas qu’il existait des comptes sur Instagram, des livres, des associations, des conseillères ibclc… Je ne connaissais rien.

Je voulais allaiter 6 mois minimum. Et puis finalement, après les 6 mois j’ai continué sans me fixer d’objectif. Je tire jusqu’à ce que je n’en puisse plus physiquement, moralement…

Les débuts de l’allaitement ont été difficiles. Au deuxième jour de vie d’Eden, je n’arrivais pas à le mettre au sein gauche, j’ai donc appelé quelqu’un sur la sonnette de la maternité. Une puéricultrice est venue, a regardé, et m’a dit “je vais chercher un bout de sein”. Ok, je ne savais même pas de quoi elle parlait ! Elle me l’a mis et miracle : Eden a pris le sein gauche parfaitement. J’avais tellement de lait que ça débordait du bout de sein, elle me filmait en disant qu’elle n’avait jamais vu ça. 

La tétée suivante, Eden n’a plus voulu le sein droit ou gauche. On a donc remis le bout de sein, et ainsi de suite pour toutes les tétées… A trois semaines d’allaitement, j’ai eu une mastite. Je n’ai pas eu envie d’arrêter, je tenais à mon allaitement plus que tout. Je n’avais pas eu un accouchement physiologique et respectueux, donc je tenais à allaiter comme je le voulais, depuis toujours. Je n’ai eu aucun accompagnement pro ou perso, sauf Baptiste, mon conjoint, qui m’aidait à chaque tétée les premiers temps. Notre entourage lui, s’est permis de dire à plusieurs reprises lorsque je disais que l’allaitement était compliqué : « c’est ça d’avoir un enfant ».

Suite à ma mastite, mon épisiotomie toujours aussi douloureuse, je ne dormais plus. La sage-femme qui venait à la maison me disait de prendre un ibuprofène et de me reposer… Eden tétait toujours avec le bout de sein, et mon sein gauche “malade” ne désengorgeait pas puisqu’Eden n’en voulait même plus. Nous avons pris la décision avec Baptiste, que j’allais tirer mon lait pour me soulager, dormir, et récupérer avant que Baptiste ne reprenne le travail. La sage-femme m’a dit que je pouvais donner un biberon sans problème, le soir déjà, pour me soulager et qu’Eden puisse dormir. J’ai donc commencé à tirer pour un biberon le soir, et j’ai continué car Eden n’a plus voulu reprendre le sein ensuite… 

J’ai eu mon premier tire-lait à la sortie de la maternité, mais c’était un “mauvais” tire lait : un kittet. Lorsque j’ai eu la mastite, ma sage-femme m’a fait prendre le Medela Symphony. Elle avait vérifié la taille des téterelles également. Nous avons donné mon lait dans un biberon depuis le début. 

Pour moi le tire allaitement est plus contraignant que l’allaitement au sein : je me lève toujours la nuit pour tirer mon lait, même si Eden dort. Je dois laver le matériel plusieurs fois par jour, le stériliser, et quand il était plus petit : donner les biberons. Quand on doit sortir, je dois réfléchir si j’ai bien tiré mon lait, si ça ne va pas être l’heure de tirer, on ne peut pas rentrer aussi tard qu’on le souhaite car je dois tirer. Il faut aussi penser aux biberons de lait, il faut les faire réchauffer, ou au contraire les garder au frais… Il faut aussi faire face aux baisses de lactation très fréquentes : si je ne dors pas assez je n’ai plus de lait. Je suis responsable de la quantité tirée. Le seul point positif pour moi, c’est que mon fils profite de mon or blanc.

Mon tire allaitement a toujours été difficile à accepter. J’étais très malheureuse les premiers mois. Je n’en parlais à personne, j’avais l’impression que dès que j’en parlais on pensait que c’était mon choix de départ, et que de toutes façons c’était ma faute puisque j’avais commencé à tirer pour soulager ma mastite. Au bout de 15 mois maintenant, j’arrive à en parler plus facilement.

Nous avons tenté de remettre Eden au sein, vers ses 6 mois, avec DAL, seringue, cup 360, verre… Nous n’avons jamais réussi.

Dans mon tire allaitement, j’ai un soutien très important : le papa, Baptiste. Dès que j’ai un coup de mou, il me remonte le moral, je tire mon lait et on regarde une série tous les deux, il lave mon matériel, il me le prépare, il se lève la nuit pour m’accompagner… Il a toujours été d’accord, je l’allaite tant que je peux/veux.

On dit parfois que le Papa trouve sa place plus facilement quand il peut donner des biberons. Baptiste a peut-être trouvé sa place plus rapidement mais je n’en suis pas si sûre : c’est lui qui a donné les premiers bains, fait les premiers peau à peau, changé les premières couches. Il le portait aussi tous les jours. Il a été très content de lui donner ses premiers biberons de mon lait, il se levait la nuit pour lui donner pour que je me repose et récupère de mon accouchement et de ma grossesse.

Lorsque j’ai eu ma mastite, un membre de ma famille très proche m’a dit : “Je ne comprends pas, moi mes deux allaitements, ils ont été géniaux, aucun problème.” Je n’ai pas répondu. Et j’ai pleuré encore plus de ne pas y arriver… Nous avons aussi entendu : “La confusion sein/tétine n’existe pas.” Là encore, je ne sais pas quoi répondre. Chacun pense ce qu’il souhaite…

La pédiatre d’Eden m’a toujours soutenue dans mon tire allaitement.

Et puis grâce à Instagram, j’ai pu voir que je n’étais pas la seule à être une maman tire allaitante exclusive, et je me sens très soutenue.

J’ai beaucoup évolué grâce à mon tire allaitement (et aussi le fait de devenir maman) dans ma vie personnelle : Je suis beaucoup plus à l’aise avec mon corps et mes seins surtout. Pendant la grossesse, je m’étais toujours dit que si je devais allaiter à l’extérieur, je me mettrais dans un coin, ou avec un lange… Maintenant je n’ai plus cette pudeur, mes seins sont faits pour nourrir mon enfant. Je suis aussi très reconnaissante de mon corps et de sa capacité à nourrir mon fils autant de temps, je le remercie chaque jour.

Si je devais dire un mot à toutes les mamans allaitantes : Bravo ! vous êtes géniales. 

Et pour celles qui souhaitent allaiter :  foncez ! C’est une belle expérience. Il faut être très bien entourée pour réussir (conseillère ibclc par exemple). 

J’ai tout de même un petit regret : je n’ai jamais réussi à tirer en public, seulement dans mon salon. 

Aujourd’hui, je commence à accepter de terminer mon histoire avec mon tire-lait. Je ne dors plus assez, et je ne tire plus beaucoup. Je n’arrive plus à faire face aux baisses de lactation.

Pour un deuxième allaitement, j’envisage, et je l’espère plus que tout, avoir un allaitement au sein, jusqu’au sevrage naturel… 

L’interview Fast-Milk !!

  • Un tirage insolite ? 

Lorsque Baptiste veut participer et tient mes téterelles.

  • Le truc le plus glamour qu’il t’ait été donné de vivre ? 

Mon premier tirage avec le tire-lait, j’ai eu un gros fou rire avec Baptiste. Du coup, petit pipi sur moi que je n’ai pas vu venir ! Merci mon périnée !

  • Un mot pour résumer ton allaitement ?

Compliqué.